Revenir pour mieux se retrouver

Je m’appelle Laura.
Je suis conseillère en image. Podcasteuse. Femme engagée.
Et longtemps, j’ai cru que je ne verrais pas mes 30 ans.

Je suis née dans une urgence silencieuse.
À trois mois, une leucémie aiguë lymphoblastique.
Un cancer du sang fréquent chez l’enfant, mais extrêmement rare chez les nourrissons : 0,003 % à cet âge-là.

À l’époque, les chances de survie étaient faibles. Environ 30 %.
J’ai traversé des traitements puissants.
Une autogreffe.
Une première rémission.
Puis une rechute.
Il a fallu une deuxième greffe, rendue possible grâce à ma sœur, née entre-temps.
Un double don, moelle et sang de cordon.
Elle venait d’arriver au monde ; moi, je m’y accrochais.

J’ai survécu. Mais tout avait déjà changé.
Mon corps portait les stigmates d’un combat mené avant même mes premiers mots.
Et en moi, cette conscience précoce : la vie peut basculer à tout moment.

À 13 ans, le couperet est retombé.
Un ostéosarcome bifocal logé dans ma mâchoire supérieure gauche et mon péroné droit.
Il a fallu enlever, reconstruire.
Une partie de ma mâchoire a été remplacée par un morceau de muscle prélevé dans mon dos.

Ce n’était pas qu’une opération.
C’était une fracture dans mon identité.
Je n’étais qu’une ado, et pourtant il a fallu faire la paix avec un visage transformé.
Un sourire asymétrique. Un œil abîmé. Des absences dans la bouche.
Et cette question sourde : comment se montrer, quand on ne se reconnaît plus soi-même ?

Alors j’ai fait comme beaucoup dans l’après : j’ai tenté de ressembler à tout le monde.
D’être “normale”. De gommer les aspérités.
Comme si l’effacement pouvait être une forme de guérison.

Mais très vite, j’ai compris.
Je ne pouvais pas être comme tout le monde.
Et surtout : personne ne l’est vraiment.

J’ai cessé de vouloir rentrer dans une case.
J’ai commencé à regarder ce corps autrement.
Pas comme un fardeau. Pas comme une erreur.
Mais comme celui qui m’avait tenue en vie.
Celui qui avait traversé. Celui qui méritait d’être honoré.

Petit à petit, je me suis réapproprié mon image.
Pas pour correspondre à une norme.
Mais pour me sentir alignée. Vivante. Présente.

J’ai exploré les vêtements, les matières, les couleurs comme autant de manières de me relier à moi.
Et c’est ainsi que je suis partie vivre à l’étranger. Pas pour fuir. Mais parce que je m’étais déjà retrouvée.

J’ai vécu en Autriche, puis en République Tchèque.
Presque quatre ans à tenter de vivre “normalement”, mais autrement.
Avec un regard plus doux, plus lucide aussi.
Mais il me manquait encore quelque chose : du sens.

Il y a trois ans, j’ai repris contact avec un oncologue dans l’hôpital qui m’avait soignée.
Après neuf années sans suivi, j’ai décidé d’y retourner.

Ce rendez-vous, je l’avais longtemps repoussé.
Mais il a marqué un tournant.

J’y ai appris que mes reins devaient être surveillés de près. J’avais frôlé la dialyse pendant les traitements.
Et sans vraiment m’en rendre compte, j’ai amorcé un nouveau chapitre : celui de la reconnexion.

Depuis cette reprise de suivi, tout s’est recousu un peu plus :
– J’ai lancé À Pleines Dents, mon podcast pour mettre en mots ce que j’avais longtemps gardé en silence
– J’ai commencé à témoigner avec Les Aguerris et la Ligue contre le Cancer
– J’ai participé à des études scientifiques sur l’après
– Et j’ai revu mon premier oncopédiatre, 30 ans après ce tout premier combat
– J’ai découvert que mon second cancer, l’ostéosarcome, était lié au premier. Une réponse après 20 ans de questions restées sans écho.

Ces retrouvailles, avec le corps médical comme avec mon histoire, m’ont permis de replacer les pièces d’un puzzle longtemps flou.
De faire de mon parcours un levier, pas un poids.

Aujourd’hui, je suis conseillère en image.
Pas pour “relooker”. Mais pour accompagner d’autres femmes à se (re)voir avec bienveillance, à se sentir belles autrement.

J’ai créé Image & Résilience pour celles qui, comme moi, avancent dans l’après :
après un cancer, une transformation, une perte de repères.
Pour celles qui veulent se réconcilier avec leur image.
Et se sentir pleinement là.

Je travaille avec les couleurs, les vêtements, les ressentis.
Avec la douceur, la clarté, l’intuition.
Parce que je sais ce que ça change, une couleur qui réveille l’éclat.
Un haut dans lequel on se tient un peu plus droite.
Un regard qu’on ose enfin croiser dans le miroir.

Ce blog, Porter l’après, est né de cette envie.
De poser des mots. De témoigner.
De dire que la reconstruction ne passe pas que par le médical.
Qu’elle est aussi esthétique, émotionnelle, symbolique.

Aujourd’hui, je ne cherche plus à me fondre dans la masse.
Je ne veux plus cacher mes cicatrices.
Elles font partie de moi. Mais elles ne me résument pas.

Je suis bien plus que ce que j’ai traversé.
Et si vous êtes ici, vous l’êtes aussi.

Bienvenue.
Ici, on parle d’image.
Mais surtout, de présence à soi.

Laura, ta complice de style, de sens, et d’après.

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L’histoire de la bouche de Tata Lolo