Ce n’était pas mon corps, le problème.

Il y a des choses qu’on découvre longtemps après les traitements.
Des choses qu’on ne nous dit pas tout de suite.
Parfois pour nous protéger. Parfois par manque de mots.

Dans ce premier billet, j’avais envie de revenir sur ce que je viens de comprendre… 22 ans plus tard.
Parce que, peut-être, cela éclairera ton propre chemin dans l’après.

22 ans à croire que c'était mon corps, le problème.

Défectueux. Fragile. Cassé.

Et la semaine dernière, j'ai compris. Ce n'était pas lui, le problème.

📍 Le premier cancer : une leucémie aiguë lymphoblastique, à 3 mois.
📍 Le second : un ostéosarcome, à 13 ans.

Deux diagnostics, à treize ans d'intervalle.

Pendant longtemps, j'ai cru que mon corps n'était pas fiable.
Qu'il ne faisait pas "bien" les choses. Qu'il m'avait abandonnée.

Mais ce que j'ai appris il y a quelques jours,
c’est que le danger ne venait pas de lui.
Il venait des traitements puissants, nécessaires, qui m'ont sauvée.
Et qui, en sauvant la vie, abîment parfois en silence.

📚 Depuis les années 80, les études le confirment :
1,8 % des enfants ayant eu une LAL développent des tumeurs secondaires,
un risque multiplié par 9 avec les traitements intensifs comme celui que j’ai reçu.

Mon traitement de bébé incluait des agents hautement mutagènes :
des alkylants et des inhibiteurs de topoisomérase, bien connus pour leurs effets à long terme.

Mon risque était réel. Documenté.
Mais jamais évoqué. Jamais nommé.

Il y a quelques jours, 22 ans plus tard,
ce même oncologue pédiatre que je n'avais pas revu depuis 32 ans m’a dit ces mots :

« Ce n’est pas commun… mais ce n’est pas rare non plus. »

Et là, quelque chose s'est apaisé.
Pas que la douleur ait disparu.
Mais la culpabilité, elle, a lâché prise.
Je ne me débats plus dans l’invisible.

Ce que je dis aujourd’hui, ce n’est pas un reproche.

C’est une invitation à mieux faire.

  • À mieux informer

  • À mieux accompagner

  • À mieux reconnaître les parcours de l’après

Parce qu'on ne peut pas refaire mon histoire.
Mais on peut améliorer celles de demain.

Connaître ses risques, ce n’est pas vivre dans la peur.
C’est pouvoir prendre soin de sa santé en conscience.
Beaucoup d’anciens malades vivent avec la possibilité d’un cancer secondaire.
Ce n’est pas une certitude. Mais une réalité à connaître.

Pour mieux suivre. Mieux prévenir.
Et peut-être, petit à petit… se réconcilier avec ce corps qu’on croyait abîmé.
Ce corps qui, en réalité, tient bon.

Laura, ta complice de style, de sens, et d’après

Crédits Photos : Delphine Joly

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